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PROJET UTOPIQUE DU CAMPUS DE GRENOBLE

Un site qui articule urbain/rural

Après une analyse, urbaine et sensible, faite sur le campus de Grenoble, comment pourrait-il évoluer suivant un scénario utopique.

 

L'analyse urbaine met en évidence une relation très nette entre ce campus de 176 hectares, une partie massivement urbanisée à l'ouest et une partie agricole à l'est sur toute la vallée du Grésivaudan. Le campus vient se confronter à ces deux milieux, pris en étau, articulant l'agglomération Grenobloise et la vallée agricole qui part jusqu'à Chambery. Position difficile donc, qui marque une transition que le campus peine à définir du fait de ses limites très marquées. Sur sa partie nord il y a un fleuve, l'Isère, véritable barrière naturelle et au sud un axe routier important. C'est cette idée de limite que le projet interroge.

// Cycle
//// Cinquième année

 

// Type de projet
//// Analyse urbaine et conception neuve

// Programme
//// Imaginer un scénario utopique du campus de

     Grenoble pour les années futures

L’agriculture est depuis toujours une activité indispensable à la survie de l’homme. Cultiver fait partie des nécessités que l’on retrouve partout dans le monde pour se nourrir, avec des traditions, des outils et des productions propres aux hommes qui travaillent la terre. Aujourd’hui, l’agriculture occupe 53% de la surface en France métropolitaine. Cette surface a tendance à diminuer face à une urbanisation progressive du territoire et une population qui ne cesse d’augmenter. Apparaît alors une première problématique, comment la population peut-elle se nourrir convenablement si ce phénomène ne cesse de se développer ? Que se passerait-il si la production continuait de diminuer devant une demande croissante ?

 

Avec l’industrialisation, nos modes de vie se sont mondialisés. Tous les territoires sont connectés les uns aux autres. Ce que nous ne produisons pas, nous l’importons d’un autre continent, au prix de voyages interminables et polluants. Nous avons oublié les saisons, le contact de la nature en ville. Pourtant aujourd’hui, nous sommes de plus en plus soucieux de ce que nous mangeons, de saprovenance, des temps de transports, de l’agriculture biologique... Ainsi, les architectes, les politiques, les urbanistes ou autres, ont une nouvelle contrainte à envisager : imaginer des façons d’habiter le territoire sans nous mettre en échec face à la production agricole dont nous dépendons, de nouvelles relations ville/campagne. Instaurer une nouvelle image de la ville en harmonie avec la nature devient en plus d’une nécessité, ce «désir de campagne» des citadins qui souhaitent échapper à la grisaille et au renfermement de la ville et s’ouvrir sur de nouveaux paysages.

Le rôle de l’agriculture péri-urbaine Grenobloise a clairement changé depuis les années 1890 comme le précise l’historique de l’ADAYG. Cependant, depuis 1970 l’agriculture joue un nouveau rôle : faire face à la pression urbaine et à la protection des espaces de nature. Infiltrer l’agriculture dans le campus signifie déplacer ses limites, les estomper ou même les enlever. Un des aspects important à intégrer, est d’installer ce processus sur le long terme. C’est une infiltration qui se fait progressivement, au fur et à mesure que les constructions disparaissent et que le campus évolue.

Un scénario utopique : l'agriculture urbaine

Infiltrer la nature en ville, c’est installer une poétique de la ville, capable d’éveiller les sens, de reposer l’esprit, de permettre un échappement aux bruits et aux mouvements incessants de la vie urbaine.

 

Voilà pourquoi ces questions sont pour nous plus que d’actualité, nous architectes qui réfléchissons aux manières et aux formes d’habiter de demain, aux relations possible entre rural et urbain. C’est à cette question que le projet souhaite répondre à travers l’aménagement du campus de Grenoble, qui semble être un lieu propice à cette notion d’infiltration. En effet, le campus et la ville de Grenoble se sont développés en étroite relation avec leur environnement notamment les trois massifs montagneux et leur vallée agricole. Le campus occupe une position particulièrement avantageuse puisqu’il vient faire le lien entre la partie urbaine (l’agglomération Grenobloise) et la vallée agricole du Grésivaudan.

 

Aujourd’hui, la ville et la campagne, l’urbain et le rural sont séparés l’un de l’autre, par des modes de vie, des milieux, des activités différentes. Pourtant l’un ne va pas sans l’autre. Trop longtemps, la ville a été pensée de façon autonome face aux terres agricoles et naturelles avoisinantes. Du plein au milieu du vide, un espace de consommation au milieu d’espaces de production.

Au fil des siècles, l’agriculture a été contrainte de suivre l’évolution des villes : étalement, grands axes de transports, demandes en nourriture, zonages, pression foncière. Un va et vient qui nous questionne sur la limite entre l’un et l’autre, sa nature et sa localisation.

 

Pourquoi ne pas imaginer une ville contrainte de suivre l’évolution de l’agriculture ? Une ville qui assimile les espaces de productions dont elle dépend : horticulture, maraîchage, fermes communales (ex : le Mûrier à Saint-Martin-d’Hères), les jardins familiaux et partagés. Ces espaces ne peuvent-ils pas s’infiltrer dans la ville, en apportant de nouveaux paysages, de nouvelles activités ?

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Le paysage est un désir sensuel insatiable, une curiosité des sens et une soif de sens de notre milieu de vie dont la nature fait partie

 

P. Donadieu, "Campagnes Urbaines"

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En raison de la contiguïté avec 4 030 ha d’espaces périurbains agricoles et forestiers, la nature fait partie intégrante de la ville.(...) De ce fait, l’essor de Grenoble répond à une nouvelle culture périurbaine qui reconnaît à l’agriculture la gestion environnementale et paysagère de l’espace. La place de l’agriculture dans le plan urbain est devenue légitime (...) L’imbrication entre les territoires ruraux et urbains se situe aujourd’hui au coeur d’une demande urbaine grandissante en terme de gestion durable des espaces et des ressources naturelles

 

A. Tchékémian, "Grenoble betwen nature

and culture : an example of the

value of peri-urban agriculture Grenoble"

Un campus parc

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Avec ses 30 000 arbres et 41 oeuvres d’art, le campus de Grenoble est un véritable espace urbain paysager qui s’étend sur plus de 180 hectares. A l’origine, le site était un lieu d’agriculture comme nous pouvons le voir sur des photographies aériennes de 1966. Le campus s’est matérialisé comme un parc dans lequel les universités se sont installées avec le temps. Cependant en le parcourant, nous n’observons pas de structure propre à un campus. Nous circulons librement dans ce parc, alternant des zones fortement boisées et de grandes prairies. Sensiblement, c’est très agréable de se perdre dans ce lieu verdoyant, mais il devient rapidement difficile de s’orienter de manière claire, pour se rendre d’un point à un autre sans faire de détour inutile. C’est un lieu qui se découvre et s’apprend avec le temps. Cependant, nous nous rendons rapidement compte que ces espaces libres se ressemblent, qu’ils sont très homogènes sur tout le campus et qu’ils manquent de variétés.

La ville émergente sollicite l’agriculture locale pour la valorisation du paysage. Les citadins apprécient la production, l’éducation et les loisirs apportés par l’agriculture

 

A. Tchékémian, "Grenoble betwen nature

and culture : an example of the

value of peri-urban agriculture Grenoble"

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Le restaurant : un lien entre le campus et l'agriculture

Cette intervention ne va pas sans penser au devenir de ce qui est cultivé sur le campus. Infiltrer l’agriculture dans le site, c’est aussi infiltrer une philosophie, un comportement, une façon de se nourrir. Il faut favoriser les produits cultivés sur place et penser un système qui suive le processus du début à la «faim».

 

Actuellement plusieurs lieux de restauration existent sur le campus, dont notamment le restaurant Diderot. Celui‑ci étant amené à disparaître, un nouveau est à prévoir. Un restaurant qui exprime cette poétique et ce processus d’infiltration de l’agriculture. Ce n’est pas à la nourriture devenir vers les étudiants mais l’inverse. Le campus est un lieu d’enseignement, et les personnes peuvent également apprendre à se nourrir autrement.

 

Ce restaurant est situé entre l’École Nationale Supérieure d’Ingénieurs Électriciens et l’École Nationale Supérieure d’Informatique et de Mathématiques Appliquées, à la limite entre une étendue cultivée au nord et le coeur du campus au sud. Cette situation lui permet de rester dans le
centre du campus, à proximité immédiate de la place centrale et d’un arrêt de tramway (Gabriel Fauré).

 

De la même manière que le campus à l’échelle du territoire, le restaurant vient faire le lien entre les deux milieux, l’agriculture vient s’infiltrer dans le bâtiment, repoussant la façade, dessinant des entailles jusqu’à s’installer à l’intérieur même des salles de restauration dans des serres. C’est un processus d’infiltration et d’hybridation.

Les cinq serres mises en place ont alors plusieurs rôles. Elles permettent de produire des plantes aromatiques, et des légumes (en petite quantité) utilisables par les cuisiniers. Ces cultures sont entretenues par un maraîcher. Ce dernier travaille au centre même du restaurant, visible par les personnes en train de manger, côte à côte, l’un se nourrissant de ce que l’autre produit. L’eau de la toiture est canalisée dans une gouttière centrale pour être stockée dans des cuves enterrées. Elle permet l’arrosage et la formation de bassins. Ces serres ont ensuite un atout sensible évident. Elles diffusent les parfums et les couleurs des plantes potagères. Entièrement vitrées, avec la possibilité de dégager des ouvertures, elles offrent aux personnes de voir et sentir ce mimi-jardin, qui expose ses senteurs épicées, sucrées, amères ... Elles offrent également la possibilité d’utiliser le principe d’effet de serre, à savoir, apporter de la chaleur en hiver et créer une ventilation verticale en été. De plus les bassins occasionnent une humidité permanente qui procure une fraîcheur et un confort supplémentaire en été, ainsi qu’un environnement favorable aux végétaux.


Les serres deviennent des espaces de transition. Espaces qui sont à la fois intérieurs et à la fois extérieurs. Elles structurent et organisent le restaurant sur le plan des circulations, des fonctions on encore des espaces.


Les personnes se restaurent en regardant cette infiltration de salade à leurs pieds, dans une entaille. Salade qui finira peut être dans leur assiette un jour ou l’autre. Les salles de restauration sont majoritairement ouvertes sur le paysage, les vitrages toute hauteur séparant un minimum l’intérieur de l’extérieur. La limite bâtit-champs a tendance à disparaître, nous offrant l’expérience de manger au milieu des légumes.

La campagne ne se consomme pas seulement avec les yeux, mais aussi avec une fourchette

 

A. Tchékémian, "Grenoble betwen nature

and culture : an example of the

value of peri-urban agriculture Grenoble"

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Les agriculteurs possèdent alors un rôle supplémentaire, ils deviennent «créateurs de paysages» (pour reprendre le terme de P. Donadieu) et non plus simples producteurs.

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